Estimation du nombre de personnes en situation d’itinérance visible selon le type de lieu où la nuit du 11 octobre 2022 a été passée, cinq régions administratives du Grand Montréal et ensemble du Québec
L’itinérance est définie comme « un processus de désaffiliation sociale et une situation de rupture sociale qui se manifestent par la difficulté pour une personne d’avoir un domicile stable, sécuritaire, adéquat et salubre en raison de la faible disponibilité des logements ou de son incapacité à s’y maintenir et, à la fois, par la difficulté de maintenir des rapports fonctionnels, stables et sécuritaires dans la communauté1 ».
En 2022, la majorité des personnes en situation d’itinérance visible dénombrées dans les régions administratives du Grand Montréal avaient passé la nuit dans un organisme d’hébergement (73 %). Les personnes ayant passé la nuit dans un lieu extérieur représentaient 16 % des personnes en situation d’itinérance visible dénombrées.
Une grande part (47 %) du nombre estimé de personnes en situation d’itinérance visible dans la province étaient situées dans l’agglomération de Montréal en 2022. Ce territoire comptait également 60 % des personnes au Québec ayant passé la nuit dans un lieu extérieur, comparativement à 80 % en 2018. Si une concentration des vulnérabilités est toujours observable dans la métropole, l’itinérance dans les lieux extérieurs devient néanmoins un enjeu ailleurs dans le Grand Montréal et dans le reste du Québec, dans des villes jusqu’alors peu touchées par le phénomène.
1 Gouvernement du Québec. Ensemble pour éviter la rue et en sortir — Politique nationale de lutte à l’itinérance, Québec, 2014, p. 30.
Dénombrement des personnes en situation d’itinérance visible au Québec
Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a réalisé, en 2018 et en 2022, le dénombrement des personnes en situation d’itinérance visible à travers la province lors d’un soir donné. Les personnes sondées avaient passé la nuit dans un lieu extérieur, dans un organisme d’hébergement (refuge d’urgence, refuge pour victimes de violence conjugale, ressource de transition, etc.), dans un hôpital, dans un centre de détention ou dans un poste de police.
Les données du dénombrement ne font pas état de la proportion des personnes en situation d’itinérance qui se trouvent spécifiquement dans la CMM, mais leur répartition par région administrative donne néanmoins une estimation de la portion visible du phénomène à l’intérieur ou à proximité du territoire métropolitain.
Variation du nombre estimé de personne en situation d’itinérance visible entre 2018 et 2022, cinq régions administratives du Grand Montréal et ensemble du Québec
Les résultats du plus récent Dénombrement des personnes en situation d’itinérance visible au Québec révèlent un accroissement marqué du nombre de personnes en situation d’itinérance entre 2018 et 2022. Parmi les régions administratives du Grand Montréal, c’est dans les Laurentides que le nombre de personnes en situation d’itinérance visible a le plus augmenté (+109 %), suivi de près par la Montérégie (+98 %). Dans l’agglomération de Montréal, on note une croissance de 33 % de l’itinérance visible.
À l’échelle du Québec, la première raison évoquée par les répondants du dénombrement de 2022 pour la perte de leur dernier logement était l’expulsion (23 %). Parmi ces personnes, 53 % ont déclaré avoir été expulsées en raison d’un loyer non payé. Les personnes de plus de 50 ans étaient statistiquement plus nombreuses à invoquer l’expulsion comme raison menant à la perte de leur logement.
Historique d’itinérance selon les régions
Le dénombrement de 2022 montre une certaine variation entre les régions administratives en ce qui a trait au nombre de mois passés en situation d’itinérance au cours de l’année. Les personnes recensées à Montréal étaient proportionnellement plus nombreuses à avoir passé l’année entière en situation d’itinérance (54 % en 2022, alors que ce nombre s’élevait à 47 % en 2018). Quant aux autres régions administratives du Grand Montréal, la proportion des personnes ayant passé toute l’année en situation d’itinérance variait entre 34 % et 36 % selon la région en 2022.
Par ailleurs, la proportion de personnes sans domicile fixe ayant vécu leur premier épisode d’itinérance il y a 10 ans ou plus s’élevait à 21 % à Laval et à 24 % dans les Laurentides, alors qu’elle se chiffrait à 31 % à Montréal.